Quand Kôba, figure emblématique du rap gabonais des années 2000, dévoile un freestyle intitulé “Movaizhaleine”, le choix de ce titre intrigue. Produit par Lord Ékomy Ndong, membre du groupe légendaire Movaizhaleine, ce morceau est présenté par Kôba comme un hommage à “son groupe mythique et inspirant”. Pourtant, une analyse plus fine soulève une question : dans quelle mesure Kôba peut-il réellement revendiquer l’influence de Movaizhaleine, alors que leurs styles semblent opposés ?
Koba, révélé sous l’aile protectrice de Ba’Ponga et le label Eben Entertainment, a connu un succès fulgurant grâce à un style flamboyant, marqué par l’egotrip et une esthétique bling-bling. Des morceaux comme “Rien Compris” ou son album “Le Kriminel” l’ont hissé au sommet, le rapprochant des standards des rappeurs américains de l’époque. Sa musique festive et centrée sur l’individu tranche nettement avec celle de Movaizhaleine, dont l’identité repose sur des textes philosophiques, des sonorités enracinées dans les traditions africaines et un message panafricaniste fort.
Malgré cette divergence, Koba ne cache pas son admiration pour Movaizhaleine, groupe pionnier ayant marqué la scène hip-hop gabonaise. “Ils sont les meilleurs selon moi”, a-t-il déclaré. Ce respect peut s’expliquer par l’influence culturelle et symbolique du groupe, qui a ouvert la voie à toute une génération de rappeurs, même ceux ayant opté pour des registres différents.
Cependant, si l’hommage de Kôba est louable, il est difficile de lui attribuer un lien stylistique ou thématique direct avec Movaizhaleine. Ce sont des artistes comme Sir Okoss ou encore Rodzeng, connus pour leurs textes engagés et leur attachement aux traditions africaines, qui incarnent véritablement l’héritage du mythique duo formé par Lord Ékomy Ndong et Maât.
Ainsi, si Kôba rend hommage à ses pairs avec “Movaizhaleine”, ce morceau soulève une réflexion plus large sur la diversité des influences dans le rap gabonais, où les hommages transcendent parfois les frontières stylistiques.