La scène musicale gabonaise est en ébullition. Depuis plusieurs années, un nouveau style baptisé Ntcham, enraciné dans les quartiers populaires, s’impose comme une force incontournable. Portée par des artistes comme L’Oiseau Rare ou encore Eboloko, la Ntcham, avec ses rythmes entraînants et ses chorégraphies, bouscule l’ordre établi. Pourtant, cette montée fulgurante ne fait pas l’unanimité. Yvy Real, figure du rap gabonais, incarne la voix des puristes opposés à ce qu’il qualifie de « dérive médiocre ».
La Ntcham : une montée irrésistible
Née dans les quartiers populaires, la Ntcham a rapidement conquis la scène nationale grâce à sa simplicité et à sa proximité avec les réalités locales. Des tubes comme “Niamatos” de L’Oiseau Rare illustrent cette tendance. Avec un million de vues sur YouTube en 40 heures, ce clip a marqué l’histoire musicale gabonaise, suscitant un engouement inédit.
Plus qu’un simple phénomène, la Ntcham se veut une affirmation culturelle. Elle se distingue par son langage propre, ses pas de danse caractéristiques, et son énergie festive. Au-delà des frontières gabonaises, elle commence à attirer l’attention, comme le montre le reportage de TV5 Monde intitulé “La Ntcham, dansée partout”.
Yvy Real : une critique sans concession
Face à cette révolution, Yvy Real se pose en défenseur du rap traditionnel. Dans des déclarations sans filtre, il n’a pas hésité à qualifier la Ntcham de « merde », estimant que le succès populaire n’en fait pas une musique de qualité. « Une merde restera une merde, même avec des millions de vues », a-t-il déclaré, critiquant également le soutien massif autour du clip “Niamatos”.
Pour Yvy Real, la Ntcham représente une menace pour l’héritage du rap, qu’il considère comme un genre plus structuré et porteur de messages profonds. « La Ntcham ne dominera jamais le rap, dégagez », a-t-il ajouté, dans un commentaire qui reflète une opposition idéologique autant qu’artistique.
Un débat au cœur de la culture gabonaise
Le conflit entre rap et Ntcham dépasse le cadre musical. Il traduit une lutte générationnelle et culturelle. Là où le rap porte souvent des messages engagés et se revendique comme une forme d’art universel, la Ntcham mise sur une expression locale, simple et accessible, incarnant l’identité gabonaise contemporaine.
Cependant, cette opposition soulève une question fondamentale : la popularité peut-elle être synonyme de légitimité artistique ? Les partisans de la Ntcham voient dans son succès un moyen de promouvoir le Gabon sur la scène internationale, tandis que les puristes du rap y voient une menace pour l’exigence et l’authenticité artistiques.
L’avenir de la musique urbaine au Gabon
Alors que la Ntcham continue de séduire un public toujours plus large, le rap conserve ses fidèles, déterminés à préserver un genre qu’ils jugent irremplaçable. Le clash entre Yvy Real et les représentants de la Ntcham pourrait bien être l’amorce d’une redéfinition des frontières artistiques au Gabon.
Faut-il choisir entre tradition et renouveau, ou envisager une fusion des genres ? Le débat reste ouvert, mais une chose est sûre : la scène urbaine gabonaise est plus vivante que jamais.