Benjamin Epps : “Le Sauveur”, une mue artistique qui pourrait transformer le rappeur

Depuis quelques mois, Benjamin Epps, figure du rap gabonais établi en France, défend L’Enfant sacré de Belle Vue, un album fidèle à son image de lyriciste puriste. Pourtant, un titre se détache nettement du reste du projet : “Le Sauveur”, une piste audacieuse qui marque un tournant dans sa démarche artistique.

À contre-courant de son style habituel, “LeSauveur” s’affranchit des codes stricts du boom bap pour explorer des sonorités plus chantées. L’autotune s’y invite, tout comme les influences d’un héritage musical panafricain revendiqué. Le morceau repose sur un sample de “Hijo de Africa” d’MC Solaar, titre emblématique des années 2000, dont il reprend aussi certaines animations vocales. Mais Epps va encore plus loin dans le clin d’œil culturel : il intègre l’expression “l’argent appelle l’argent”, directement extraite du tube du chanteur congolais Pamélo Mounk’a, sorti en 1981, un classique de la rumba congolaise.

Ce changement de ton et d’esthétique déroute les puristes. Pourtant, le message reste fidèle à l’univers de Benjamin Epps : se donner corps et âme pour aider les siens, incarner la figure du “sauveur” dans un environnement où les attentes sont nombreuses et les ressources souvent limitées.

Pour certains observateurs, ce titre marque peut-être le début d’un nouveau chapitre dans la carrière du rappeur : celui d’un artiste capable de mêler technique, message et musicalité, dans une formule plus large et potentiellement plus pérenne. Car en s’autorisant à chanter, à sampler, à puiser dans les racines du continent, Epps élargit sa palette artistique et se place sur la voie d’une carrière durable et évolutive.

Reste à savoir si ce “Le Sauveur”, intégré à son nouvel album, est une simple respiration ou le prélude à une transformation plus profonde.