Un an après le coup d’État qui a porté le Général Brice-Clotaire Oligui Nguema au pouvoir au Gabon, le paysage culturel, en particulier la scène hip-hop, a connu des bouleversements significatifs. Cette période de Transition a entraîné une dépendance croissante des artistes envers les événements politiques, suscitant des interrogations sur l’impact de cette nouvelle dynamique sur la liberté artistique et l’autonomie des créateurs.
Depuis septembre 2023, la scène culturelle gabonaise, et plus spécifiquement le hip-hop, a été transformée par les changements politiques. Les artistes, autrefois moteurs d’innovation et d’expression critique, se retrouvent désormais souvent associés à des projets promouvant le régime en place. Des groupes emblématiques tels que Banz Mudji, New Skool et Tech B ont fait leur retour grâce au projet “Histoire 241”, qui célèbre la Transition en soutien au nouveau pouvoir. Cette situation crée une dépendance où le soutien à la Transition devient un prérequis pour la visibilité et les opportunités professionnelles dans le milieu artistique
Tandis que des artistes émergents comme Eboloko, E.J., et L’oiseau rare continuent de proposer des œuvres indépendantes de la politique, une partie significative de la scène semble être engagée dans des projets favorables au régime. Cette tendance a conduit à l’émergence de ce que certains appellent les “Kounabelistes”, des artistes perçus comme des promoteurs du pouvoir en place, au détriment de l’expression artistique libre.
Les spectacles en dehors des événements politiques, souvent organisés par des structures comme Entre Nous Bar, sont devenus rares. Les artistes doivent souvent s’aligner avec les initiatives politiques pour avoir accès aux scènes et aux opportunités de performance. Cette situation soulève des questions sur la capacité des artistes à maintenir leur indépendance et leur liberté créatrice dans un environnement où la politique semble dominer la culture.
La Transition au Gabon a transformé la scène hip-hop en créant une dépendance vis-à-vis des événements politiques. Pour préserver la liberté artistique, il est essentiel que les artistes puissent continuer à s’exprimer librement, indépendamment des influences politiques. L’avenir de la scène hip-hop dépendra de sa capacité à équilibrer les pressions politiques tout en maintenant son rôle créatif et critique.