A l’instar de la fulgurante transformation que connaît la musique africaine depuis près d’une décennie, le son “made in Gabon” tente de trouver sa place. En effet, même on assiste à une prépondérance des artistes nigérians et ghanéens sur le continent. Les artistes gabonais n’ont jamais été aussi productifs que ces dix dernières années sur la sol national.
Aujourd’hui,Ba’Ponga, Kôba, F.A.N.G, Bubal Bu Kombil, Masta Kudi ou des formations emblématiques comme Movaizhaleine, Secta’a ou Hay’oe semblent avoir définitivement perdu du terrain face à une nouvelle génération d’artistes. Maintenant, dans les Smartphones, les jeunes s’arrachent les sons de Tris, Tina, T – Bool, J-Rio, Lexical Flow, NG Bling, Okoss, Vicky ou Leints de Gloire. Comment de tels bouleversements ont-ils pu se réaliser? L’arrivée de ces nouveaux acteurs du monde de la musique a-t-elle définitivement changé le visage de la musique gabonaise ? Un moment de réflexion s’impose…
1.Le court-circuitage des réseaux traditionnels:
Il n’y a pas très longtemps encore, l’industrie de la musique au Gabon était fermement tenue par quelques labels qui dominaient le marché, en particulier Eben Entertainment. L’artiste en herbe qui voulait se faire une place dans le milieu devait d’abord convaincre les studios de miser sur son talent. Celà , dans l’optique de pouvoir prétendre enregistrer un hit qui confirmerait son potentiel. Or, la fin des années 1990 va connaître deux évolutions majeures qui vont carrément changer cette donne : l’arrivée de l’internet et des équipements électroniques grand public.
Ces deux facteurs vont amener les artistes à contourner le système qui perdurait jusqu’alors. La révolution numérique va permettre aux jeunes créateurs de disposer d’outils qui leur permettraient de créer leurs œuvres en dehors des studios d’enregistrements traditionnels dont les équipements et surtout les heures de locations coutaient une véritable fortune. Le développement fulgurant de l’internet grand public, la miniaturisation des ordinateurs et l’accès plus rapide, grâce à des prix abordables,aux logiciels d’enregistrement de musique vont inciter les artistes à l’autoproduction.
Par la suite, ils vont se servir des canaux informels de promotion de la musique que sont les bars pour attirer l’attention du public. En effet, les radios, se professionnalisant également, monnaient elles aussi leurs temps de diffusion de même que les boites de nuit n’acceptent de diffuser que des chansons qui sont déjà connues du grand public. Les gérants de bars quant à eux voient en ces artistes un moyen d’obtenir gratuitement de la musique qu’ils peuvent diffuser en toute liberté. Ensuite, ces derniers réalisent des vidéos qu’ils diffusent par la suite dans les réseaux sociaux ou sur des plateformes spécialisés. C’est grâce à cela que des artistes tels que Tris et NG Bling ont pu se faire remarquer des professionnels et du public.
2. Une réalité à double tranchant :
Si l’on peut se réjouir que ces talents n’auraient peut-être pas pu éclore s’il n’ y avait pas eu cette transformation du paysage musical gabonais, il faut quand même constater que cette situation n’a pas que des avantages. En effet, ces chansons qui certes on pu trouver leur public sont pour la plus part de mauvaise qualité sonore ou visuelle, car, n’ayant pas été réalisées avec des équipements performants que seuls les professionnels possèdent.
Conséquence, très peu sont diffusées à l’international parce que ne répondant pas aux normes techniques de format de diffusion de plateformes telles que Trace TV, BBlack ou MTV. Cependant, la révolution a bel et bien eu lieu…