Retour de Kôba : tremplin ou choc générationnel pour le rap gabonais ?

À partir d’un entretien exclusif accordé à Gabon Actu, Kôba Building confirme son retour imminent au Gabon après dix ans d’exil. Une annonce qui soulève de nombreuses interrogations sur l’impact de ce retour dans une scène urbaine désormais portée par une nouvelle génération en pleine ascension.

Dix ans après avoir quitté le Gabon dans un contexte politique tendu, Kôba Building, pionnier du rap gabonais, revient avec une promesse : reconnecter avec son pays, sa scène et son public. « Le pays me manque… Je veux contribuer au nouveau Gabon », confie-t-il. Son absence n’a cependant pas freiné son activité artistique : deux albums, des singles, et surtout une évolution introspective notable.

Mais ce retour survient alors que la scène gabonaise vit une transition générationnelle majeure. Des artistes comme Eboloko, L’Oiseau Rare, Vicky R, ou encore Panawaraboy ont commencé à tracer leur propre voie, parfois même à s’exporter au-delà des frontières.

En Côte d’Ivoire, Eboloko multiplie les connexions avec des labels et producteurs influents, tandis que L’Oiseau Rare s’impose avec des collaborations prestigieuses : Shatta Wale au Ghana, Didi B en Côte d’Ivoire, et même des relations artistiques avec des poids lourds comme Davido. Une dynamique qui montre que les artistes gabonais ne se contentent plus du marché local : ils visent l’Afrique, voire le monde.

Alors, Kôba Building revient-il pour guider ou pour régner à nouveau ?

Lui se veut rassembleur : admiratif de ses cadets, il parle d’eux comme d’“héritiers” et non de concurrents. Il évoque même d’éventuelles collaborations. Mais dans un écosystème musical encore fragile, son retour pourrait bousculer les équilibres, voire réactiver les débats sur la reconnaissance des anciens dans un paysage désormais numérique, hyperconnecté, et autonome.

Un concert de retour est prévu. Galactique, promet-il. Ce moment pourrait cristalliser l’enjeu : réunifier deux générations ou accentuer la fracture entre pionniers et nouvelles étoiles.

Quoi qu’il en soit, le retour de Kôba Building est plus qu’un événement musical : c’est un marqueur culturel et symbolique, peut-être même un test pour l’avenir de l’industrie musicale gabonaise.