À chaque élection présidentielle, la scène hip-hop gabonaise se positionne, souvent au gré des convictions et des textes engagés qui ont forgé son identité. Jadis divisés entre pro et anti-pouvoir, les artistes semblent aujourd’hui s’accorder, pour une fois, sur un même cap : le soutien au général Brice- Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition et désormais candidat à sa propre succession.
Ce ralliement massif surprend autant qu’il interroge. Dans les meetings du candidat, on aperçoit désormais des figures emblématiques du hip-hop national, enchaînant les prestations et prenant la parole pour appeler à voter Oligui. Un engagement assumé, que certains justifient par une volonté de stabilité ou une adhésion sincère au discours de refondation nationale.
Mais cette unanimité soudaine ne fait pas l’unanimité. Une frange minoritaire du milieu musical critique ouvertement ce qu’elle perçoit comme un revirement opportuniste. Pour ces voix dissonantes, il ne s’agit plus d’un soutien idéologique, mais bien d’un léchbotisme politique – une stratégie d’alignement calculé sur les forces en présence, sans véritable conviction.
Des artistes comme Delpega ou Johnny B-Good, connus pour avoir soutenu le régime déchu, se retrouvent désormais aux côtés du pouvoir en place. Leur bascule rapide suscite des interrogations et ternit, pour certains, l’authenticité de leur engagement passé. Alors, s’agit-il d’un véritable réveil de conscience ou d’un pragmatisme déguisé ? Un kounabelisme de raison, en somme.