Avec son dernier titre, “Demolution Man 2”, Keurtyce-E marque un tournant dans le paysage musical gabonais en ravivant une tradition contestataire du rap. Dans cette chanson, il s’attaque directement à Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien porte-parole du régime Bongo et critique actuel de la transition, en le qualifiant de “perroquet” et de “girouette”.
Un rap qui refuse la complaisance
Dans une période où le Gabon traverse une transition politique délicate, Keurtyce-E redonne au rap son rôle d’arme de contestation. Il accuse Bilie-By-Nze d’avoir participé à un système qui a “pris le peuple en otage” et l’exhorte à suivre l’exemple d’Ali Bongo, retiré de la vie publique. “Il est temps de quitter la scène”, lance le rappeur dans une punchline acérée.
Le morceau vise également le livre autobiographique de Bilie-By-Nze, Awu m’awu, que Keurtyce-E qualifie de “torchon”, transformant le titre en “Agnu m’awu” – “l’homme qui ment”. Ce jeu de mots illustre la critique d’un homme politique perçu comme tentant de réécrire l’histoire.
Le rap comme catalyseur du débat public
L’attaque de Keurtyce-E dépasse le simple pamphlet musical. Elle remet au centre du débat public une question cruciale : quelle place pour les figures de l’ancien régime dans le Gabon de demain ? Alors que les membres du gouvernement peinent à répondre à Bilie-By-Nze, selon Brice-Clotaire Oligui Nguema, le rappeur s’impose comme une voix du peuple, rappelant que l’art peut être un levier de justice sociale et politique.
Un signal fort pour la scène artistique
En prenant cette posture, Keurtyce-E redonne au rap gabonais son essence contestataire, loin des compromissions. Cette attaque frontale rappelle que la musique, au-delà du divertissement, peut jouer un rôle déterminant dans la construction d’un avenir où le peuple refuse les figures du passé.
“Demolution Man 2” n’est pas qu’un morceau : c’est un acte politique, un appel à la réflexion et une invitation à l’action pour un Gabon en quête de renouveau.