Après une longue absence, LAGAFF, figure emblématique du rap gabonais, revient sur la scène musicale avec un nouveau single, “Ya Personne”. Ce morceau marque un tournant dans sa carrière, dévoilant une facette plus chantée de l’artiste. Tromatix a eu l’opportunité de s’entretenir avec LAGAFF pour discuter de son retour, de l’évolution de son style musical et de ses projets futurs.
Tromatix (TRX) : Après une longue absence, vous voilà de retour avec un style afro qui s’éloigne du rap pur. Qu’est-ce qui vous a poussé à revenir maintenant, et pourquoi ce changement de style ?
LAGAFF : Après plusieurs années dans l’ombre, j’ai ressenti le besoin de revenir avec quelque chose de nouveau. Je n’ai jamais eu de barrières musicales, j’écoute et apprécie tous les genres. L’Afro me séduit par sa liberté et son dynamisme. C’est une musique en pleine expansion mondiale, et en tant qu’Africain, je veux soutenir et promouvoir notre musique. Ce changement n’est pas un abandon du rap pur, mais une exploration, une expérience.
TRX : Pensez-vous que vos fans historiques vont adhérer à cette nouvelle direction artistique ?
LAGAFF : Au Gabon, il y a deux types de fans : ceux qui me suivent depuis mes débuts et ceux qui m’ont découvert en cours de route. Les premiers savent déjà que le chant fait partie de mon répertoire depuis longtemps, même si je l’utilisais moins. Ils ne seront pas surpris par cette évolution.
TRX : Vous avez auparavant critiqué les rappeurs qui s’éloignaient du rap pur pour inclure plus de chant. Comment répondez-vous aujourd’hui à ceux qui pourraient vous critiquer pour ce même choix ?
LAGAFF : Mon premier album est sorti en 2007, j’étais alors jeune et sans doute moins mature. Mes critiques d’alors reflétaient l’état d’esprit d’un jeune passionné par le rap pur et dur. À l’époque, j’étais inspiré par Ba’ponga, qui représentait le rap avec sa plume et son flow hard dans des titres comme “Labyrinthe”, “Amour” et “Vie de haine”. Cependant, avec le temps, il a évolué et intégré plus de chant dans ses morceaux, comme dans “Go Easy”. Je comprenais déjà ce changement de Ba’ponga à l’époque. Aujourd’hui, me retrouvant presque dans sa position, je peux dire que la maturité nous pousse à explorer d’autres horizons.
TRX : Votre capacité à intégrer du chant dans “Ya personne” est impressionnante. Aviez-vous toujours cette polyvalence, et pourquoi ne l’avoir pas montré plus tôt ?
LAGAFF : En réalité, mon tout premier morceau en studio était entièrement chanté. Mais à l’époque, je ne l’ai pas assumé car cela ne correspondait pas à ma vision du rap. Ceux qui ont écouté mon premier album “Ma vie, Ma rue” savent que j’ai toujours mêlé chant et rap. La transition vers plus de chant était donc inévitable.
TRX : Dans les années 2000, pourquoi avez-vous choisi de ne pas montrer cette facette plus chantée de votre musique ?
LAGAFF : À cette époque, j’avais une rage de rapper, je voulais me positionner comme un des meilleurs rappeurs du Gabon, une véritable icône du rap. Le chant n’était pas ma priorité. Je voulais d’abord établir ma réputation dans le rap pur et dur.
TRX : Si vous deviez choisir entre vos classiques comme “Ma Gaffe” et votre nouveau single “Ya personne”, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?
LAGAFF : Je choisirais “Ma Gaffe” parce que ce titre est intrinsèquement lié à mon parcours et à mon identité. “Ya personne” est une continuation, une nouvelle étape de mon évolution musicale. Les comparer n’aurait pas de sens car chacun représente une époque différente de ma carrière.
TRX : Vos fans peuvent-ils espérer vous revoir dans du rap pur et dur, ou avez-vous définitivement tourné la page ?
LAGAFF : Je ne tournerai jamais définitivement la page du rap. Actuellement, je suis en phase expérimentale, explorant de nouveaux horizons. Mais le rap reste au cœur de mon identité artistique. Je me sens toujours plus rappeur que chanteur, et je continuerai à fusionner les deux pour enrichir ma musique.
TRX : La sortie de “Ya personne” annonce-t-elle un album ou un EP prochainement ? Pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets à venir ?
LAGAFF : Oui, la sortie de “Ya personne” annonce un projet à venir. Compte tenu de la réalité gabonaise, sortir un album complet peut être un risque, donc je travaille sur une quinzaine de titres. Mon équipe et moi déciderons bientôt de la meilleure manière de les partager avec nos fans.
TRX : Merci beaucoup, LaGaff, pour cette interview. Nous avons hâte d’entendre ce que vous nous réservez. Un mot de la fin ?
LAGAFF : Merci à Tromatix pour cette opportunité. Bien que je n’apprécie pas toujours certains articles qui me décrivent comme un photographe au rond-point de Nzeng-Ayong, je félicite votre équipe pour son travail et son soutien constant au rap gabonais depuis des années. Votre engagement envers notre culture musicale est précieux, et j’ai hâte de partager plus de ma musique avec vous tous.
Propos recueillis par Vagha