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Edito: insécurité à LBV, Don’Zer le parfait bouc – émissaire?

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C’est en juin 2017 que l’artiste Don’Zer a rendu public le titre “Goudronnier”. Très vite, il est devenu viral au point d’en faire un des hits de l’année. Dans les maquis et clubs, ce single était le plus réclamé. Aucune manifestation n’était cool tant que le DJ ne jouait ce titre. Don’zer est passé d’artiste en herbe à super star nationale à la vitesse de l’éclaire. Il a été de toutes les grandes scènes. A cette époque personne n’a cherché à comprendre de quoi parlait sa chanson.

En effet, le single “Goudronnier” , qui vaut désormais des attaques tous azimuts à l’égard de Don’Zer, n’a pas été analysé ni compris par l’opinion de toutes obédiences à sa sortie. La vibe était fraiche et le style original, le reste importait peu. De quoi est – il question dans la chanson ? A l’écoute, ce titre me rappelle le rappeur américain 2Pac dans “Guetto gospel”  lorsqu’il dit que : ” Tout le monde a honte de la jeunesse parce que la vérité a l’air étrange//. Mais pour moi, c’est l’inverse.// On les a laissé dans un  monde qui est maudit et ça fait mal.//”. En transposant ces vers sur la situation actuelle du Gabon, notamment avec la montée de l’insécurité, on se rend bien compte qu’on a décidé dans ce pays de livrer les jeunes à la violence. C’est pourquoi hier, on a fabriqué les “Kool – mondjers” et actuellement on produit des “Ndoss” (bangandos/goudronniers). Combien de fois la lutte contre la consommation des drogues a – t – elle été mise en priorité dans les actions du gouvernement ces dix dernières années? Les programmes de lutte contre le chômage ne sont rien d’autre que des montages financiers pour enrichir leurs initiateurs. Le système scolaire est obsolète depuis des années, on préfère le service minimum pour ensuite mettre les professionnels de l’éducation à l’index. On prône l’entreprenariat sans un accompagnement conséquent et adapté aux différents profils. Il faut laisser les pauvres s’entretuer! Sauf que la situation devient plus que critique, les jeunes des beaux – quartiers aussi sont de plus en plus touchés par le vice. Subitement, tout le monde se réveil.

Don’zer  est désormais pris pour cible alors qu’il n’a fait que mettre en évidence une réalité, qui est le quotidien des petites gens dans les quartiers sous – intégrés de Libreville. Depuis des années, on déplore l’insécurité  juvénile, qui a remplacé la terreur des kool – mondjers.  Le chanvre indien, la drogue, l’alcool, les pions, les “kobolo”, etc. sont commercialisés sans que les dealers soient réellement inquiétés. On pourrait croire à un complot contre la jeunesse déjà esclave de la pauvreté, de la misère et de l’oisiveté.

La société gabonaise est hypocrite envers elle – même. Comment avoir une communauté saine au regard du nombre de familles monoparentales souvent avec pour chef  une mère? Comment vivre en paix quand on est affectivement instable? Peut – on avoir du respect pour la vie lorsqu’on ne vous a pas enseigné l’amour? Quelle valeur donner à l’autorité si on ne nous a pas enseigné le respect et la discipline?   Or, chacun sait qu’à un certain âge, les enfants ont besoin d’un visage paternel, incarnant le respect et la discipline. La vie dans les quartiers difficiles comme Atsibi – Ntsos, Kinguelé, les Akébé, les PK, Cocotiers, ressemble à un mauvais rêve, une saison en enfer. De même que l’Etat a délaissé sa mission régalienne d’éducation, les parents sont démissionnaires. La cellule familiale n’est plus un cadre d’entraide, l’individualisme a pris le dessus. On court tous après l’argent. Plus personne ne passe une journée à la maison avec ses enfants. De nombreux jeunes deviennent des chefs de familles alors qu’ils n’ont que 15, 16 voire 17 ans, car  le père s’est tiré et souvent la mère  ne travaille pas. D’autres deviennent des hommes dans la rue. Dans cette jungle, la loi du plus fort est la seule norme. Notre société est malade. Cette maladie a pour nom la “démission”. Plus personne n’assume sa responsabilité. C’est la raison pour laquelle pour se donner bonne conscience certains font de Don’zer le parfait bouc – émissaire. Alors que, la violence a toujours existé dans les mapanes.

Ouvrons les yeux, le mal est là. Il est profond. Il a pour véhicules: la dépravation des mœurs et la consommation des drogues. Il est plus que jamais nécessaire d’interroger nos valeurs sociales actuelles. A l’aube du 58e anniversaire de l’indépendance du Gabon, une introspection nationale pourrait conduire à la mise en place de nouvelles normes capables de changer le visage de notre communauté.

Cependant, les artistes et autres auteurs gabonais devront par ce précédent  travailler à l’éveil des consciences. Le procès fait à tort ou à raison ici est lié à l’incitation à la violence. Car, avec le recul, il se trouve que le single “Goudronnier” a fini par s’imposer comme un hymne à la gloire des bandes de voyous qui sèment la terreur dans les rues de la capitale. Nous sommes une Nation en construction, l’incitation à la débauche ou à la violence mérite la censure. Il revient à la Haute Autorité de la Communication (HAC) et au Ministère de l’Intérieur de jouer leurs rôles quand cela s’impose.

L’équipe de la rédaction de  http://www.tromatix.com s’oppose et est contre toutes formes de violence. Nous invitons l’ensemble des acteurs de la culture urbaine à l’image de J-Rio à dénoncer le climat macabre qui règne dans nos quartiers.

 

Pour Tromatix, Séif Mostley.

 

 

 

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